Il est parfois difficile de naviguer entre les arguments marketing des marques de beauté qui prônent la naturalité, le bio, le végane … La liste est longue et le langage utilisé peut parfois prêter à confusion.
Les termes tels que « naturel » et « bio » sont devenus des phares dans notre quête de produits respectueux de l’environnement et des sociétés. Cependant, derrière ces mots se cachent parfois des pratiques trompeuses.
Des définitions précises de ces termes ainsi que des preuves qui supportent l’utilisation de ces allégations cosmétiques et environnementales par les entreprises sont nécessaires pour éviter la pratique du « greenwashing ». Il s’agit d’une stratégie marketing déceptive qui peut obscurcir la vérité derrière les étiquettes de nos produits.
Attention, le greenwashing ou écoblanchiment n’est pas toujours une manœuvre délibérée des marques. Il s’agit souvent du résultat d’une compréhension floue des termes écologiques et éthiques, ainsi que de la conséquence d’un manque de cadre réglementaire autour de l’utilisation de ces termes dans les discours marketing.
On vous liste en-dessous quelques définitions clés pour vous aider à naviguer dans le marketing de l’industrie cosmétique.
Qu’ils soient naturels ou non, les ingrédients cosmétiques sont définis comme des substances chimiques (ou groupe de substances chimiques) entrant dans la composition d’un produit cosmétique. On les retrouve listés sous la forme “INCI” (“International Nomenclature of Cosmetic Ingredient”).
⚠️ À noter : Une substance chimique n’est pas synonyme de substance synthétique ou artificielle. Un amalgame que l’on voit trop souvent en cosmétique naturelle. Une substance chimique est naturelle tant qu’elle existe sans l’intervention de l’Homme. Il s’agit d’une matière qui se compose d’éléments chimiques spécifiques tels que les corps purs, les atomes et les molécules. L’eau, qui constitue une large part de nos produits cosmétiques, comme tout autre matière, est une substance chimique.
Pour mieux comprendre, le jargon cosmétique, on peut se référer à la norme ISO16128. Elle définit la classification des ingrédients cosmétiques (c-à-d. biologique, naturel et dérivé naturel) et le pourcentage de degré de naturalité des produits cosmétiques. Elle distingue les grandes classes d’ingrédients en fonction des critères principaux de leur origine et de leurs procédés d’obtention.
Les ingrédients non-naturels sont élaborés artificiellement, fabriqués par l’Homme. Les molécules synthétisées n’existent pas dans la Nature (ex. : diméthicone) et font appel à des procédés de fabrication qui utilise la pétrochimie. Bien qu’ils soient largement représentés sur le marché des cosmétiques, ces ingrédients sont controversés du fait des risques qu’ils posent pour la santé (ex. : parabènes et phtalates) et de leur impact environnemental lors de leur production et dégradation (ex. : silicones).
Cependant, Il est important de souligner que les ingrédients cosmétiques qu’ils soient naturels ou non-naturels sont soumis à la même réglementation et à des évaluations strictes de la sécurité pour les consommateurs conduites par la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) depuis janvier 2024.
Certains de ces ingrédients artificiels controversés, tels que les parabènes et phtalates, sont en fait des grandes familles de composés qui ne présentent pas tous les mêmes risques pour la santé et pour lesquels les études scientifiques non pas encore tranchées. Par exemple, le phtalate de diéthyle, ou DEP, est le seul encore autorisé en cosmétique. La commission européenne et le CSSC (Comité Scientifique pour la Sécurité des Consommateurs) a conclu que le profil de sécurité du DEP justifie son utilisation dans les produits cosmétiques et ne recommande pas de précautions ou restrictions particulaires contrairement aux autres phtalates de la même famille qui eux ont été bannis.
Jusqu’ici c’est plutôt simple, tout va bien. Là où ça se complique c’est quand on essaie de définir ce qu’est un ingrédient naturel.
Les ingrédients naturels puisent dans la richesse de la Nature. Ils peuvent provenir de sources animales, végétales, fungiques, microbiennes ou minérales. Il y a cependant des distinctions importantes à faire sur les procédés d’obtention, examinons ça de plus près :
Ils sont récoltés et utilisés tels quels et/ ou isolés, avec pour seule étape de transformation autorisée, un traitement physique (ex. : pression, broyage, macération, distillation), microbiologique ou enzymatique. On trouve dans cette catégorie l’eau, le miel brut, les huiles végétales obtenus en pression à froid, les beurres végétaux non-raffinés, les argiles, les huiles essentielles et hydrolats, la lanoline, les sels marins, …
💡 Bon à savoir : Les savons, même artisanaux, ne peuvent être qualifiés de « naturels » par définition. Les savons résultent toujours d’un processus de transformation chimique – la saponification. Il peut donc être indiqué que le produit est fabriqué à partir d’ingrédients naturels (en mentionnant le %) ou qu’il est d’origine naturelle.
Dans cette catégorie il est important de distinguer naturel, biologique et végane.
Les ingrédients cosmétiques biologiques sont naturels et ont été cultivés ou cueillis selon les principes de l’agriculture biologique. Ils peuvent être d’origine animale et végétale. Les ingrédients véganes et naturels ne sont donc pas forcément « bio ». Reprenons notre exemple de l’eau, par définition l’eau ne peut pas être certifiée biologique.
Les ingrédients cosmétiques véganes garantissent l’absence de produit d’origine animale (ex. : lait, miel, lanoline, carmine, …). Les produits cosmétiques véganes ne sont pas forcément naturels, bio, ou sans ingrédients controversés tels que les silicones.
👉 Pour rappel l’absence de tests sur animaux pour les produits cosmétiques est une obligation sur le marché européen depuis 2013. S’agissant d’une exigence réglementaire, les marques de beauté ne sont pas autorisées à présenter l’absence de tests sur animaux comme un de leur engagement éthique. Cette pratique serait alors associée à du greenwashing puisque l’interdiction des tests sur animaux est une obligation réglementaire pour tous produits cosmétiques vendus sur le marché européen.
Ils résultent de l’extraction et/ou transformation de matières premières naturelles au travers de procédés de chimie de faible ampleur (ex. : hydrolyse, saponification, estérification, sulfatation …). Cette catégorie inclue par exemple, la glycérine végétale, les conservateurs, et les émulsifiants (ex. : stéarate de glycérol) qui sont indispensables pour toute formule cosmétique mélangeant huile et eau comme les crèmes. Pour que le terme « d’origine naturelle » soit utilisé, le taux de naturalité de l’ingrédient doit être strictement supérieur à 50 %.
💡 Bon à savoir : « une transformation chimique n’est pas quelque chose de nocif ! Il ne faut pas la confondre avec un procédé pétrochimique, qui fait intervenir du pétrole dans la réaction, et qui n’est pas conforme avec le 7ème principe de la chimie verte « Utilisation de ressources renouvelables », Association Cosmébio.
Pour compliquer un peu l’histoire, il s’agit d’une substance synthétique (c-à-d. transformée, modifiée ou créée par l’Homme) qui existe dans la Nature mais qui est reproduite en totalité et de façon extrêmement fidèle en laboratoire. Les ingrédients nature-identiques possèdent les mêmes structures, bénéfices, propriétés physiques et chimiques que l’ingrédient naturel. Alors pourquoi les utilisons-nous ?
Ils permettent d’obtenir une substance chimique d’intérêt en grande quantité, à coût réduit, et dont la qualité est contrôlée. Ces ingrédients sont parfois une alternative plus durable que leurs homologues purement naturels. Les actifs tels que la vitamine B3 et la vitamine C sont des ingrédients nature-identiques, synthétisés en laboratoire.
👉 Ingrédients artificiels et ingrédients synthétiques, ce n’est donc pas la même chose ! Un ingrédient est artificiel lorsqu’il est inventé et fabriqué par l’Homme et n’existe pas dans la Nature.
Non, ils ne le sont pas. Il en revient aux marques de faire des choix en accord avec leur philosophie de formulation. En revanche, Il est important de souligner que sans l’utilisation d’ingrédients synthétiques naturels (c-à-d. dérivés naturels ou nature-identique), les possibilités de formulation sont limitées.
Par exemple, pour tout produit cosmétique qui contient de l’eau il est important d’utiliser un conservateur pour assurer la sécurité du consommateur, parfois même dans le cas de produits cosmétiques anhydres qui entrent facilement en contact avec de l’eau.
De plus, il y a de nombreux ingrédients synthétiques naturels ou nature-identiques qui sont plus durable que leurs homologues purement naturels. Il s’agit là d’une discussion pour un autre jour !
La réglementation de la cosmétique naturelle stipule que si plus de 95 % des ingrédients sont naturels ou d’origine naturelle, l’allégation « naturel » peut désigner le produit fini. Cela ne garantit pas la provenance des ingrédients (biologique ou non) ou encore l’absence d’ingrédients controversés tels que les substances pétrochimiques et plastiques durant les processus de fabrication ou dans la composition finale.
Pour vous assurer que le produit que vous venez d’acheter est en accord avec vos valeurs, vous pouvez examiner la charte de formulation de vos marques de beauté et vous tourner vers des certifications connues pour :
Attention tous ces labels ont des cahiers des charges différents et ne garantissent pas les mêmes standards, il est donc important d’effectuer des recherches en amont.
Ce qu’il faut retenir c’est que le choix entre non-naturel, naturel et synthétique d’origine naturelle dépend des préférences individuelles, du type de produit recherché, des besoins de la peau et des considérations environnementales de chacun.
Chimique n’est pas synonyme de synthétique ou artificiel ! La chimie peut être notre alliée pour une cosmétique plus sûre et plus durable.
À Nami, nous croyons aux discussions ouvertes et transparentes. Il revient à chacun de faire des choix éclairés qui sont en accord avec ses valeurs de naturalité et son acceptance du terme « naturel ». Nami a à cœur de formuler avec des ingrédients naturels et d’origine naturelle. Nous utilisons également les ingrédients nature-identiques quand ils démontrent une durabilité supérieure. Tu peux trouver notre Charte de Formulation ici.
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Sources
ISO16128 (2017) www.iso.org/fr/standard/65197.html
SCCNFP (2002) Opinion of the scientific committee on cosmetic products and non-food products intended for consumers. SCCNFP/0411/01
Cosmébio. www.cosmebio.org
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